Tré attendait impatiemment son amoureux à la fac de langues. Elle répétait dans sa tête « il passe devant elle, il ne passe pas ». Elle était hésitante, pensive et émotive. Elle avait l’air tellement inquiète qu’on avait l’impression qu’elle allait pleurer. En fait, elle ne savait pas s’il l’aimait, mais elle savait bien qu’elle l’aimait, qu’elle éprouvait un sentiment vif, bouleversant et même obsessionnel. L’état dans lequel elle se sentait n’était pas éphémère ; en revanche, c’était l’histoire d’une année universitaire. Tré se dirigeait à travers un passage étroit qui menait à la sortie de la fac. A droite du passage il y avait un jardin avec des tables et des chaises, à gauche, un long mur en ciment. Elle était toute seule entre le jardin et le mur. Ses collègues étaient déjà rentrées. Il était 13h 45, c’était la fin de son dernier cours et l’heure de rentrer. Elle comptait les minutes en attendant l’arrivée de son prince.
Soudain, au
bout de la rue, Arass et ses collègues apparurent. Son amour arrivait. Elle
commençait à s’épanouir comme les fleurs qui reçoivent les rayons
du soleil à l’aube. Leurs regards se croisèrent. Les joues rouges, il semblait
énervé. Il se retînt devant ses collègues. Mais quand ceux-ci furent partis, il
s’approcha d’elle. Sans lui laisser le temps de dire un mot, il l’engueula :
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- Tu ne comprends pas ? Combien de fois devrais-je te le répéter ? ce n’est pas possible !
Elle était
calme, le regardait les yeux dans les yeux.
-
Tu ne me dis
pas bonjour ?
-
Putain ! elle
est folle, elle essaie de me rendre fou comme elle.
-
Au contraire,
J’essaie de t’offrir une nouvelle vie, une vie à deux. Je tente de te rendre
heureux, de changer ta vision du monde.
Embêté, il
répliqua :
-
De quoi
parles-tu ? moi, je ne gagne pas assez ma vie pour me nourrir dans ce pays qui
assassine les rêves, les espoirs et les amours. L’Irak, et surtout le
Kurdistan, désigne la mort, la mort de l’esprit, du cœur, la mort de la
confiance en soi.
- Laisse-moi voir tes beaux yeux. Comment as-tu choisi ce costume noir ? il te va bien. C’est ton idée ou celle de ta sœur ?
Elle parlait avec amour et espoir quand lui répondait avec haine et désespoir.
-
Tu ne peux pas
t’arrêter ? écoute bien, voilà mon récent projet : je vais quitter l’Irak. J’émigrerai
vers l’Europe car la vie n’est qu’un grand échec dans cette région défavorisée.
-
Quoi ? Je ne
te manquerai pas ? L’université Salahaddine ne te manquera pas ? ce moment ne
te manquera pas ? tu préfères la mort dans l’eau Égée que vivre avec moi ici ?
-
C’est de la
folie ce que tu dis. Dans ce pauvre coin du monde, la vie, le mariage, l’amour,
les rêves ne sont que des fautes importantes.
-
Sois viril
comme ton père, supporte la vie, et vis comme il faut…. Et moi, je serai
toujours à tes côtés….
- - Il ne s’agit pas de virilité. Nous n'avons pas les moyens de vivre ici, tu ne comprends pas ?
- Tu exagères…
- Tu dois te taire ! c’en est trop pour moi, je rentre….
Il s’éloigna. Tré se retrouva dans le même état qu'avant. En pleurs, elle se mis à crier:
- Arass ! Arass ! ne me quitte pas, la vie sans toi n’est qu’un enfer. Ne me quitte pas, s’il te plaît !
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N.B: le texte a été rélu et corrigé par une chère amie